Aimer les dauphins à mort

The corpse of a dolphin is removed from a pen in Taiji. He has not survived the stressful capture. Photo: Ric O’Barry’s Dolphin Project

Blood stains the sea at the Cove of Taiji in Japan, after a dolphin slaughter. Photo: Oceanic Preservation Society (OPS)

Le sang tache l’océan dans la Baie de Taiji au Japon, après un massacre de dauphins. Photo : Oceanic Preservation Society (OPS)

Les dauphins souffrent en captivité. Ce sont des créatures extrêmement intelligentes, dotées d’une conscience de soi, et il est humainement inacceptable de les condamner à la captivité. C’est pourquoi il est urgent de changer notre façon de les considérer.

L e documentaire The Cove (La Baie de la Honte) montre des dauphins en pleine nature, nageant jusqu’à cent kilomètres par jour. Il montre également ces mammifères marins si intelligents, qui meurent d’ennui, ou au terme d’une maladie, lorsqu’ils sont maintenus en captivité. Il y a trois ans, il a fait sensation et a remporté l’Oscar du meilleur documentaire. En ce qui me concerne, ce film m’a électrifié. Ces images sont gravées dans ma mémoire. Même agonisants, les dauphins semblent sourire. Ils n’y peuvent rien. Telle est la physionomie de leur bec.

Il devenait urgent de faire quelque chose, car la souffrance de ces créatures si sensibles, si sociables n’appartient pas au passé. Elle appartient au présent. La partie la plus sombre du film est la chasse aux dauphins à Taïji, un petit village de pêche au sud du Japon. D’abord, les chasseurs, sur leurs bateaux, conduisent les dauphins dans une petite baie aux parois rocheuses, à l’abri des regards. Ensuite, les plus beaux spécimens destinés aux delphinariums sont isolés. Les autres, qui constituent la grande majorité du groupe, sont massacrés pour leur chair.

Des massacres financés par les delphinariums

Taiji est le plus grand exportateur mondial de dauphins capturés dans la nature. Au cours de la dernière saison de chasse, ce sont exactement 247 dauphins qui ont été capturés pour la vente en direct et 900 ont été massacrés. La saison, qui dure de septembre à mars, ne va pas tarder à commencer.

A hunter rams a sharp metal rod into the dolphin's spinal column causing paralysis and eventual death. This slow and painful method of killing is condemned by scientists as cruel and inhumane. Photo: Atlanticblue

Un chasseur enfonce une tige métallique pointue dans la colonne vertébrale du dauphin, causant la paralysie, puis la mort de l’animal. Cette lente et douloureuse méthode de mise à mort est condamnée par les scientifiques comme étant cruelle et inhumaine. Photo : Atlanticblue

C’est une activité extrêmement lucrative, et la chasse aux dauphins reste donc rentable. Un dauphin dressé peut valoir jusqu’à 100 000 dollars. L’argent perçu par les delphinariums alimente la chasse et augmente les demandes de captures. Sans ces captures, la chasse ne serait pas rentable. La seule manière d’y mettre un terme est d’éviter à tout prix les delphinariums et les parcs marins.

Des recherches plus poussées ont permis de comprendre que la chasse aux dauphins japonaise est un problème de grande envergure. Les dauphins, ces créatures dotées d’une conscience de soi, sont exploités par des parcs du monde entier. Ces « vaches à lait » de la mer servent de clowns et même de thérapeutes. Les dauphins capturés à Taïji, qui ont été arrachés à leur famille, sont également envoyés ici, en Europe (en Ukraine ou en Turquie par exemple) où des touristes ignorants paient pour qu’ils les divertissent.

The corpse of a dolphin is removed from a pen in Taiji. He has not survived the stressful capture. Photo: Ric O’Barry’s Dolphin Project

Le cadavre d’un dauphin est retiré d’un enclos à Taiji. Il n’a pas survécu au stress intense de la capture. Photo : Dolphin Project

Ce n’est pas ce que vous dites qui compte, mais la façon dont vous le dites

Le documentaire The Cove portait un message si puissant que j’ai organisé des projections du film dans ma ville natale, et j’ai distribué des dizaines de DVD dans des écoles, où les réactions se sont avérées très positives.

Mais cela ne suffisait pas, j’avais besoin de voir la chasse aux dauphins par moi-même. J’ai voyagé dans les Îles Féroé, en Europe. Les dauphins y sont aussi massacrés, au cours de chasses appelées « grindadráp ». Ce fut une expérience clé pour moi.

Plus tard au Japon, comme dans les îles Féroé, je fus surpris de trouver sur place des habitants amicaux et ouverts, et mon idée de l’ennemi s’est rapidement effondrée. J’ai ainsi réalisé qu’il ne sert à rien d’accuser les autres. Autant dans les Îles Féroé qu’au Japon, la solution réside dans l’éducation et la coopération plutôt que dans la confrontation.

Comprendre de l’intérieur

Pour défendre une cause, il est essentiel de comprendre son histoire, ce qui implique de faire beaucoup de recherches. L’agressivité et l’animosité sont contre-productives. J’ai rencontré d’autres militants qui avançaient avec plus de précautions :

Si vous voulez que les chasseurs deviennent amis avec les baleines, vous devez d’abord devenir amis avec les chasseurs.

On peut acheter de la viande de dauphin dans les supermarchés de Taïji et de ses environs.

Cette phrase de ma compatriote canadienne, la militante Leah Lemieux, m’a impressionné.

Au cours d’une visite au Japon, en automne dernier, l’expérience que j’avais vécue dans les îles Féroé s’est renouvelée. Jamais rien n’excusera la chasse aux dauphins, mais j’ai apprécié la convivialité des cultures et des personnes dont j’ai fait la connaissance. Pour résoudre un problème, il est indispensable de le comprendre vraiment.

Il m’est difficile de comprendre qu’on puisse tuer une baleine ou un dauphin, ou les confiner dans un petit bassin mais, malgré notre divergence d’opinions, j’en suis venu à apprécier les gens qui tuent les baleines, en tant qu’êtres humains. Aujourd’hui, je suis capable de parler ouvertement avec eux sur ce sujet controversé, et ils écoutent. C’est encourageant et il y a de l’espoir dans tout ça.

Devant notre porte …

Enfin, j’ai avant tout réalisé qu’il est essentiel de balayer devant sa propre porte. Comment pouvons-nous demander aux autres de changer si nous ne sommes pas disposés à en faire autant ? Je suis donc rentré en Allemagne, où il y a encore beaucoup à faire.

Le Dr. Karsten Brensing, biologiste marin de la Whale and Dolphin Conservation (WDC), parle des dauphins en captivité :

Les conditions nécessaires au bien-être des animaux ne sont pas possibles pour plusieurs raisons. Il est pratiquement impossible de recréer un ordre social en captivité. Les animaux sont arrachés à leurs communautés et artificiellement placés ensemble. Les enclos sont trop petits pour pouvoir contenir un groupe naturel, par conséquent, les jeunes mâles doivent être séparés. Ils sont privés de leurs vies. Par ailleurs, la mortalité infantile est un problème majeur et l’élevage n’est pas viable.

La Suisse a adopté une position progressiste. L’importation de dauphins a été interdite et le récent transfert des deux derniers dauphins vers un autre centre a marqué la fin de la captivité des dauphins dans le pays. Plusieurs pays d’Europe, dont le Royaume-Uni, la Norvège et la Croatie, ne possèdent pas de delphinarium.

La législation en Inde est particulièrement exemplaire. En mai 2013, le ministère de l’Environnement et des Forêts a interdit les delphinariums déclarant qu’il est « immoral » de maintenir des animaux aussi évolués en captivité, pour le simple amusement des hommes.

L’effet « Blackfish »

Tilikum performing at SeaWorld for entertainment and profit. The collapsed dorsal fin caused by captivity. Photo: Magnolia Films

Tilikum dans un spectacle à SeaWorld. L’effondrement de sa nageoire dorsale est du à la captivité. Photo : Magnolia Films

Depuis la sortie du documentaire Blackfish en juillet 2013, il y a une prise de conscience grandissante sur le fait qu’il est cruel de garder des orques en captivité.

Le film montre que ces dauphins qui, dans la nature, restent avec leur famille tout au long de leur vie, ont été arrachés à cette famille pour passer le restant de leurs jours dans des bassins en béton, à faire des acrobaties, pour le divertissement et le profit, et se transformer en baleines-tueuses.

Si quatre hommes ont été déjà tués par des orques en captivité, rien ne permet d’affirmer qu’un homme ait jamais été tué par des orques en milieu naturel. Selon d’anciens dresseurs de SeaWorld qui témoignent dans le film, c’est un signe évident de dépression et de psychose qui sont provoquées par la captivité.

Le documentaire, nominé aux Oscars du cinéma (Academy Awards) en 2013, conclut que garder ces animaux si intelligents dans un environnement aussi restreint est cruel et abusif.

Grâce à la médiatisation, qui a permis une prise de conscience de grande ampleur, Blackfish a aussi attiré l’attention de beaucoup de personnalités qui ont ajouté leurs voix à celles des activistes. De grands spectacles musicaux programmés à SeaWorld en début d’année ont été annulés après la sortie du film. Les jeunes générations apportent également l’espoir de voir cesser cette industrie, comme le montre Cash, un amoureux des animaux âgé de cinq ans, dans cette vidéo :

Tout cela est encourageant, mais il reste beaucoup à faire. Chaque personne peut faire la différence. C’est une question d’éthique, de conscience et de responsabilité que de s’opposer à la souffrance des animaux pour notre seul divertissement. Où que vous soyez, n’allez pas voir de spectacle de dauphins.

Traduction française par David Delpouy et Stella Ville

5 Comments

  1. Maria lopes dit :

    It’s so sad and unacceptable to eat dolphins!!!
    Please stop!!!

  2. Silvia Regina Sales Cézar de Andrade Passos dit :

    no comment

  3. sarah dit :

    Merci pour cet article.
    Pour les conseils et cette afreuse vérité.
    En ce qui me concerne je n’irais JAMAIS dans spectable d’animaux tels les dauphins ou les orques.

  4. recoura dit :

    Mais comment peut-on faire subir de telle atrocités à des Dauphins en tout innocences et tout autre animaux dans ce monde pourri je suis scandalisée , outrée , révoltée sidérée mais ou sont les pouvoirs pour la lutte contre tout espèces d’animaux je suis prêtre à signé la pétition douleureusement : Paulette Reoura

  5. Dupuis Didier dit :

    Honteux !!!!

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